Coups de coeur
Kolam
Terme sanskrit signifiant « manifestation ». Dans la plupart des régions de l’Inde, et plus particulièrement au Tamil-Nadu, depuis des temps très anciens, des mains féminines, en quête d’éternité, créent du bout des doigts des peintures éphémères appelées kolam ou rangoli ou d’autres termes encore selon les régions.
Ces créations quotidiennes, réalisées à l’aube, sont une offrande au jour qui se lève, un rituel de sanctification et protection de la maison, un signe de bienvenue, et une invitation aux divinités.
Réalisés à même le sol, sur les trottoirs ou la terre battue avec de la poudre de riz et des poudres de couleur, les kolam sont légués exclusivement par les mères, sœurs, grands-mères à leurs petites filles.
Les dessins, toujours exécutés à la poudre blanche, sont idéalement réalisés d’un seul trait, procurant une perception de l’Unité dans la complexité.
La géométrisation des formes est caractéristique du Kolam ; la dextérité manuelle s’y double d’une pensée mathématique. Cette alchimie de l’art et de la nature par l’intelligence des formes ouvre un espace de rencontre entre la Beauté, l’Harmonie et la Science. Le Kolam mêle mystique et mathématique.
Les exemples de symétrie les plus frappantes sont données par les cristaux, révélant la symétrie moléculaire, omniprésente dans le monde et invisible à l’œil nu. L’observation de la symétrie dans la nature et notamment dans le monde végétal fait particulièrement sens. Les fleurs illustrent ce type de symétrie, la plus fréquente mettant en œuvre le nombre 5 - qui est aussi le nombre de l’Homme (diagramme de l’homme de Vitruve de Leonard de Vinci) - ; ces réalisations paraissent obéir à un dieu géomètre, disait Liebniz.
L’Art du kolam imite sans doute la Nature, quand la main de l’artiste suit le schéma énergétique qui sous-tend l’Univers et donc toute forme de Vie. « L’Art n’imite pas directement les objets visibles, mais remonte aux raisons d’où est issu l’objet naturel » Plotin. C’est en quelque sorte les grands archétypes énergétiques qui sous-tendent le Vivant, décryptés et matérialisés à même le sol.
La main des femmes fait jaillir la Vie sans la posséder à travers ces dessins ephémères. Ils sont vite balayés par le vent et effacés au gré des passages et de l’agitation de la journée, ce qui les rend encore plus puissant, symbolisant l’éphémère et le précieux de la Vie.
Dans le bruit et la folie du monde moderne, ce rite devient un facteur d’ordre, d’harmonisation, de puissance créatrice sans cesse renouvelée.
Les kolams illustrent l’Ame, la Force et la Beauté des Femmes indiennes dans le Vivant du quotidien. C’est l’Inde dans sa spiritualité, son intensité coloré et sa puissance de manifestation.
Peut-être que les femmes indiennes sont les survivantes d’un héritage oublié …
Peut-être que dans un futur proche, les femmes, les hommes et les enfants, de par le monde, se réuniront pour créer ensemble des Kolam et Mandalas qui rendront grâce à la Vie, sanctifieront, embelliront et poétiseront nos cités occidentales modernes, si mornes et mortes et froides et célèbreront la Planète toute entière. Je nous le souhaite… !
Un kolam en une minute
Kolams of Pondichery
Rangoli (kolam) à Rajahmundry
Concours de rangoli, collège Jalandhar, Inde
Faire un « simple »kolam
Et tant d’autres encore….